Note technique au Maire de la Ville sur la préoccupante situation sécuritaire à Kisangani

Mise en ligne le 16 avril, 24 à 17:20


  • CONTEXTE

Le lundi 08 avril 2024, nous avons accepté l’invitation du Maire de la ville de Kisangani, qui nous conviait à une réunion après la brutale et intolérable répression de notre marche de vendredi 05 avril 2024 dénonçant l’insécurité grandissante dans la ville.

A l’issue de cette réunion, nous avions promis au Maire de la ville de lui faire une note technique dont l’application pourrait contribuer à l’amélioration de la situation sécuritaire dans la ville.

Ainsi, nous suspendons nos manifestations de terrain pendant trois semaines afin d’observer l’évolution positive de la situation faute de quoi nous utiliserons tous les moyens démocratiques et légaux pour exiger la démission du Maire de la ville pour avoir échoué à sécuriser la population.

  • FAITS :

Réputée comme l’une des villes la plus paisible de la République Démocratique du Congo, Kisangani est devenue théâtre d’une insécurité qui se manifeste en plusieurs séquences et circonstances. Les cas de cambriolage à mains armées succèdent et s’entremêlent à ceux d’agression physique, viol des femmes et enfants, tentatives de meurtres et intimidations des paisibles Boyomaises et Boyomais dont la malchance est de choisir Kisangani comme ville de résidence.

Si aucun rapport sur le nombre des victimes directes et indirectes de cette montée de l’insécurité n’a été rendu public par l’autorité urbaine, ni des mesures des réparations opérées, on peut citer dans la gamme des cas que nous avions répertoriés par des sources crédibles dont les médias  : le braquage du siège de la Fondation Guy Ramia Lonia le 08 avril dernier (1); l’agression physique d’un Chef du Bureau à l’Urbanisme qui en plus d’être dévalisé par 10 inciviques armés, a été grièvement blessé non loin de Mahikari la nuit de samedi 06 au dimanche 07 avril 2024 (2) ; l’incursion d’hommes armées dans trois maisons et le viol d’une fille dans la nuit de mercredi 03 au Jeudi 04 avril dans la commune Mangobo (3);  l’affrontement entre gangs dans le quartier Matete à Mangobo entrainant un tôlée général le 04 avril dernier (4) ;  l’altercation entre police et les jeunes de Lubunga le 3 mars 2024 avec au passage un blessé par balle perdue (5) ; le  pillage,  tentatives de meurtres et de viols dans 4 maisons la nuit de lundi 01 au mardi 02 avril 2024 au bloc Saio dans la commune Makiso (6) ; le braquage par des hommes armés d’une maison d’une célèbre commerçante connue sous le nom de Ma Tyna sur la 5ième avenue Tshopo dans la nuit du 29 mars 2024 (7) ; l’incursion des bandits armés dans le domicile d’un pasteur de l’Assemblée des saints à Magopi la même nuit du 29 mars 2024 (8) ; l’incursion de 6 hommes armés et tentatives des meurtres dans la résidence de Sthya Bulaya un acteur politique membre de l’AFDC dans la nuit du 24 mars 2024 (9) ; l’agression du Prof Sam, Directeur de Cabinet de la Gouverneure de province la nuit du 30 au 31 mars 2024 vers l’Assemblée provinciale (10) ; vol à mains armées et meurtres de 2 personnes dans une maison vers Kilimabaindi en date 25 mars  2024(11) ; incursion d’hommes armés habillés en tenue de la police dans le domicile de Madame Kakule Marthe au quartier Cimestan dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril 2024 (12) ; incursion des voleurs à mains armées dans le domicile de Madame Mbanga Yangoso sur la Septième avenue Saio la nuit du 11 au 12 avril 2024 (13)…

Devant ce tableau sombre de la situation sécuritaire dans la ville de Kisangani, la responsabilité du Maire de la ville est mise en jeu en vertu des articles 41 et 42 de la loi organique n°08/016 du 07 octobre 2008 portant organisation et fonctionnement des entités territoriales et leurs rapports avec l’Etat et les provinces.

    • AVIS ET CONSIDERATIONS :

De cette liste non exhaustive des cas des victimes de l’insécurité grandissante dans la ville de Kisangani, il en ressort les constats suivants :

  • Il existe dans la ville de Kisangani un banditisme urbain entretenu par des groupes informels des jeunes vulgairement connus sous les noms des staffs (Mexicains, Zaïre, Katamoto, Dents pour Dents, Moscou…) contre lesquels la Mairie ne dispose d’aucune politique d’endiguement ;
  • Certains de ces groupes de gangs (à l’instar de Dents pour Dents) opèrent publiquement et impunément sous l’œil impuissant des autorités ;
  • A côté des groupes des gangs connus, des hommes armés non autrement identifiables s’attaquent de manière ciblée aux domiciles des civiles pour extorquer des biens des valeurs ;
  • Dans la quasi-totalité des cas, la police (même lorsqu’elle est alertée par la population) intervient grandement en retard après que les criminels aient fini leurs opérations et par moment n’interviennent même pas ;
  • Aucun procès, ni condamnation de ces bandits de grand chemin n’est enregistré. Au contraire, dans certains cas, ceux qui sont appréhendés sont diligemment libérés contre toute attente ;
  • Les réunions du Conseil Urbain Elargi de sécurité ne se tiennent plus sous prétexte qu’elles entrainent des dépenses inutiles alors que la sécurité n’a pas de prix et que la Mairie continue de percevoir des taxes des administrés ;
  • La police ne cesse de décrier ses difficultés de mobilité pour intervenir en cas d’alerte. Celle-ci exige souvent aux victimes de prendre en charge son transport ;
  • La ville de Kisangani, Chef-lieu de la province de la Tshopo qui fait jonction avec les provinces du Nord-Kivu et Ituri est désormais théâtre des pratiques d’incursion d’hommes armés, tentatives de meurtres et de viol, décapitation qu’on décrit dans ces deux provinces voisines en proie à l’insécurité du fait de l’activisme des groupes armés nationaux et internationaux ;
  • La cartographie sécuritaire de la ville de Kisangani laisse transparaitre une généralisation de poches d’insécurité dans tous les coins et recoins. Aucun quartier ou commune n’est épargné par les semeurs de trouble.
    • RECOMMANDATION

Fort de ce qui précède, nous recommandons :

    • Au Maire de la ville de Kisangani :
  • La publication d’un rapport reprenant le nombre exhaustif des victimes de l’insécurité ainsi que les mesures de réparations engagées par l’autorité ;
  • L’interdiction formelle de la commercialisation et la consommation des boissons fortement alcoolisés ainsi que la fermeture de tous les débits de chanvre sur toute l’étendue de la ville ;
  • L’organisation régulière de Conseil urbain élargi de sécurité auquel certaines organisations de la société civile peuvent être invitées ;
  • La mise en place d’un numéro vert fonctionnel que la population pourrait appeler pour signaler des cas d’insécurité ;
  • L’installation des Sous-ciats dans les points chauds de la ville pour traquer tous les groupes des délinquants jusqu’à leur dernier retranchement ;
  • L’intensification des patrouilles diurnes et nocturnes surtout dans les zones considérées comme dangereuses pour dissuader les semeurs d’insécurité dans la ville ;
  • La dotation de carburant nécessaire à la police nationale congolaise pour assurer sa mobilité surtout pour des interventions urgentes ;
  • La mise en place d’un programme de sensibilisation sur la paix en intégrant les jeunes et leaders communautaires pour appeler à la vigilance citoyenne et la coopération avec les forces de l’ordre ;
  • La mise en place des chefs des 10 maisons et d’un mécanisme de remontée rapide d’information sur les mouvements suspects dans les avenues ;
  • En collaboration avec les autorités militaires, intensifier le contrôle des armes les dépôts et celles qui sont détenues par les éléments en uniformes ;
  • Le déploiement de la crème des services intelligents de la Mairie pour identifier et appréhender de tous les criminels qui sèment l’insécurité à Kisangani ;
  • Le renforcement du contrôle dans toutes les entrées de la ville de Kisangani ;
    • Aux autorités judiciaires
  • L’organisation des procès publics contre les criminels appréhendés ;
  • La stricte application de la loi pour éviter l’impunité qui occasionne des libérations scandaleuses des criminels et bandits de grand chemin.
    • Aux Autorités policières
  • De veiller à la discipline des troupes qui opèrent dans les patrouilles diurnes et nocturnes pour éviter que celles-ci tracassent et extorquent la population ;
  • D’engager des enquêtes internes et sanctionner les cas échéants les officiers de la police accusés d’être de mèche avec les malfrats ;
  • De relever de leur fonction, les officiers et agents de la police qui s’adonnent à la violation des droits humains ;
  • De traquer tous les chefs des groupes de gangs connus et identifiés, notamment Lobela Joseph qui sème terreur à Mangobo au vu et su de tout le monde.

Fait à Kisangani, le 13 avril 2024

Pour les organisations membres :

  • LUCHA                      
  • FILIMBI             
  • NDSCI               
  • AMKA-KONGO

Zacharie Kingombe    Joël Mbiya     Christian Kambi  Angelus KAMBALE

C.I :

– Président de l’Assemblée Provinciale

– Gouverneur de province

– PNC

– Président de la Cour d’Appel

– Parquet Général près de la Cour d’Appel

– CNDH


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