LETTRE OUVERTE DE LA LUCHA SECTION BENI À MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Mise en ligne le 24 mai, 24 à 14:03


Monsieur le Président,

Concerne : Mépris de la question sécuritaire de Beni et Ituri par le gouvernement national.

Pendant votre séjour à l’étranger le 3 mai 2024 la Nation a été endeuillée une fois de plus par des tirs d’explosifs dirigés contre le camp de Mugunga, en plein Goma. A la suite de cet acte criminel du M23 et de l’armée Rwandaise, au moins 35 civils dont 22 enfants ont été tués et des dizaines d’autres ont été blessés. À partir de l’étranger, vous aviez annoncé votre décision d’interrompre votre périple et rentrer au pays.

Cependant, c’est qui nous a si fort inquiétés et choqué, ce sont les déclarations du ministre de la communication  Patrick Muyaya lors de son séjour  à Goma pour l’inhumation de nos compatriotes tués à Mugunga. En effet, lors d’un point de presse tenu le 15 mai dernier, Patrick Muyaya a déclaré *qu’il ne faut pas comparer le crime de Mugunga à Goma aux petites violences qui se passent ailleurs*. En tant que victimes  des massacres des terroristes ADF, des disparitions forcées, de pillages, d’incendies des véhicules, maisons, commerces, écoles, structures de santé, etc. et cela depuis dix ans, nous sommes totalement choqué par ces propos du porte-parole du gouvernement. Ces propos justifient probablement le moindre intérêt du gouvernement Congolais pour la crise sécuritaire des ADF qui est de loin le groupe armé le plus meurtrier du pays depuis une décennie mais aussi la forte criminalisation de ceux qui dénoncent ces exactions. Depuis votre arrivée au pouvoir en 2019, trois de nos camarades militants ont été assassinés par la police pendant les manifestations pacifiques décriant l’insécurité à Beni. Il s’agit d’Obadi Muhindo tué le 23 novembre 2019, Kambale Luhingo Freddy tué à la date du 21 mai 2020 et Mumbere Ushindi assassiné le 24 janvier 2022. Bien qu’identifié, les auteurs de ces actes n’ont jamais été inquiétés par la justice. Dans certains cas, ils ont même été promis par vous à l’exemple du commissaire François Kabeya qui a été nommé maire de la ville de Goma puis élevé au rang de général après avoir commandé les troupes ayant abattu notre camarade Freddy Kambale en 2020.

Monsieur le président de la République,

Vous avez certes hérité de cette situation sécuritaire dramatique, non pas pour la maintenir telle quelle, mais plutôt pour y mettre fin. Le peuple Congolais en général et plus particulièrement les habitants de l’est du Congo confrontés à la violence armée quotidienne, attend de vous des actions pour rétablir la paix et non pas des vœux pieux ou des menaces sans issue.

Vous avez tellement promis de mettre fin aux groupes armés mais ces propos ne donnent lieu à aucune opération militaire d’envergure sur terrain. Vous avez menacé d’entrer en guerre contre le Rwanda qui agresse et pille le Congo à travers le M23. Vos menaces n’inquiètent personne et suscitent, en revanche, humour et moquerie. C’est votre autorité qui en prend le coup, hélas.

Sur terrain, tout va de mal en pis, et pour nos vaillants soldats qui peinent et qui périssent au front, au grand préjudice de leurs familles et de la Nation, et pour les populations civiles, prises en étau entre les feux et le désespoir à l’égard de leur gouvernement figé dans les atermoiements et l’indécision. Avec autant de déplacés, le pays enregistre un chaos humanitaire sans précédent, tandis que des millions de dollars sont décaissés sans compter et sans contrôle via vos services, faisant de la guerre un gros business et une source d’enrichissement pour des personnes qui ne sont malheureusement inquiétés.

Ceux qui sont exposés au danger et qui meurent dans cette guerre sont nos compatriotes, civils et militaires. Ne soyons pas insensibles aux souffrances des nôtres. Prenons-en conscience. Que gagnerait votre pouvoir en regardant souffrir et mourir nos concitoyens ? En quoi sert-il d’avoir des institutions dès lors que celles-ci sont incapables de trouver une issue à la guerre, pour épargner le pays d’énormes  pertes à tous les niveaux ? Sommes-nous, comme Nation, aussi incapable de résoudre ce problème sans faire le tour du monde à crier sur tous les toits ?, Il y a-t-il des vies préférées et qui valent la peine d’être protégées que les autres ?

Eu égard à ce qui précède, nous appelons :

 Au ministre de la communication.

  • De demander pardon à toute la population de Beni et Ituri et de retirer le plus vite possible ces propos vu qu’il a craché pas seulement sur la mémoire des nôtres mais aussi découragés les quelques militaires qui sont sur les positions à Beni et Ituri.

À monsieur le président de la République :

  • De mettre à la disposition de nos forces armées des moyens matériels et financiers importants pour combattre efficacement les ADF et autres groupes armés a Beni et Ituri.
  • De mettre en place un programme de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion permettant de donner une porte de sortie aux membres de groupes armés.
  • Retirer des opérations militaires les officiers affairistes ou accusés de collaborer avec les groupes armés.
  • Rendre justice et réparation aux victimes des guerres actuelles dans le pays.

Fait à  Beni le 23 Mai 2024

                                                              Pour la Lucha, cellule de communication


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