Répression violente de notre manifestation du 28 novembre 2015 à Goma : nous brisons le silence !

Mise en ligne le 30 novembre, 15 à 14:32


#RDC: Des centaines de morts à Beni, et on n’a même pas le droit de faire leur deuil !? Retour sur la répression ce samedi 28 novembre 2015 de la manifestation pacifique que nous avions organisée à Majengo au nord de Goma.

  1. RAPPEL DES FAITS : Depuis plus de 12 mois, il ne se passe pas une seule semaine sans que nos compatriotes de la région de Beni soient la cible de tueries barbares (à la machette et autres armes blenches, mais parfois aussi par balles, incendies de maisons et de véhicules, etc.). Ce massacre continuel a déjà fait près de 600 victimes en seulement une année : enfants, femmes, hommes, commerçants, villageois, …

  2. Depuis le début, le mouvement citoyen LUCHA (Lutte pour le Changement) dénonce ces massacres qui se commettent souvent au nez et à la barbe de l’armée, la police, les services de renseignement, et la Monusco tous présents dans la zone. Notre question est celle de tous les Congolais, et en premier lieu de nos compatriotes qui subissent nuit et jour cette situation dans leur chair : nos autorités sont-elles incapables de mettre fin à ces massacres; de trouver et juger ses auteurs ? Ou sont-elles complices ? Car comment expliquer que pendant plus d’une année les auteurs de ces massacres continuent leur besogne et qu’aucun d’entre eux n’a été présenté à la population et jugé ? On nous dit que ce sont les ADF/NALU ougandais, peut-être bien. Mais pourquoi n’engage-t-on pas une offensive de grande envergure pour les déloger de cette région et mettre définitivement fin au calvaire de la population ? On dit qu’il y aurait des complicités locales : mais combien a-t-on arrêtés et jugés parmi ces complices, de façon transparente et objective ? Pourquoi la mort du Colonel Mamadou et du Général Bahuma en pleine opération Sukola 1, dans des conditions très troubles pour la plupart de nos concitoyens ?

  3. En hommage aux victimes de ces massacres, mais aussi pour rappeler aux autorités que nous on n’oublie pas nos frères et soeurs de Beni; que nous (contrairement peut-être à la plupart de ces autorités) on ne dort pas tranquillement tant qu’il y a quelque part des Congolais qui meurent et qui souffrent, la LUCHA a organisé plusieurs actions citoyennes (marches, sit-in, deuils, …). Dans toutes ces actions, notre but était de demander aux autorités de 1) mobiliser tous les moyens de l’Etat pour arrêter ces massacres le plus vite possible; 2) assister les familles des victimes au nom de la solidarité nationale 3) identifier de façon incontestable, trouver et éliminer ou juger les responsables de ces massacres, qu’ils soient auteurs directs, commanditaires, ou complices. C’est dans ce même ordre d’actions que ce samedi 28 novembre 2015 nous avions organisé un « deuil populaire » en plein air à Majengo (un quartier populaire au nord de la ville de Goma).

  4. CE QUI S’EST PASSE à Majengo le samedi 28 novembre 2015: Le deuil devait déibuter à 8h00 du matin. Depuis plusieurs jours, des militants de la LUCHA avaient sillonné les avenues, marchés et ruelles du quartier Majengo pour appeler les habitants à participer massivement à ce moment de recuillement et d’appel à l’action des autorités par rapport à la tragédie de Beni. La Mairie de Goma avait été régulièrement informée par écrit de cette manifestation pacifique (voir accusé de réception parmi les photos ci-jointes). Le Maire de Goma, Dieudonné Malere Ma-Micho, s’était même entretenu personnellement avec une délégation du mouvement citoyen LUCHA la veille de la manifestation. Bien qu’il avait proféré des menaces insensées, il avait quand même été informé conformément à la constitution, et n’avait pas interdit que la manifestation se tienne (encore que constitutionnellement il n’en a aucun pouvoir).

  5. La manifestation a donc commencé à 8h00 comme prévu. Plus de 500 personnes (femmes, enfants, hommes, vieux, jeunes) s’étaient rassemblés le long de la route dite « Kibarabara » dans un esprit de recueillement, et dans une grande dignité. Des messages étaient inscrits sur quelques banderoles pour dire « Massacres de Beni, pourquoi ce silence? » ou encore « Tunataka amani iruye Beni haraka » (ce qui signifie « Nous voulons que la paix soit rétablie rapidement à Beni »). Un feu était allumé au milieu de la foule en signe de deuil, comme le veulent nos coutumes. Des témoignages et autres messages étaient donnés par les participants à tour de rôle. Soudain, vers 8h45, une centaine de policiers et militaires, dont la plupart étaient armés d’armes à feu, vont faire irruption au lieu de la manifestaion. Ils sont venus certains à pied dans de longues files indiennes, d’autres par des jeeps de la police et de l’armée. Ils vont se positionner le long de la route et, sans aucune sommation, commencer à tirer des bombes lacrymogènes et des balles réelles dans la foule. Les gens vont alors courir dans tous les sens, pendant que les militants de notre mouvement qui étaient chargés de veuiller au bon déroulement de la manifestation essaient de raisonner le commandant de la police déployée sur place, sans succès.

  6. BILAN provisoire :

Dans la foulée, la répression extrêmement violente de la « Police des Polices » commandée par un certain Colonel Job Alisa, a fait :
– Au moins deux personnes ont été blessées par les balles de la police, dont une fille de 14 ans répondant au nom de Furaha qui a reçu une balle dans la jambe gauche. La jeune fille est actuellement soignée dans un hôpital de la place. Nous ne savons pas encore où le second blessé par balle a été amené.
– 12 personnes violemment arrêtées et conduites au cachot de la Police des Polices de Goma (Virunga, non loin de la prison Munzenze), dont 2 militants de la LUCHA Juvin Kombi (diplômé en droit de l’Université de Goma) et Pascal Byumanine (étudiant à l’ULPGL). Ces 12 personnes ont été battues pendant leur arrestation, leur transfert au cachot, et même pendant leur audition, en plus d’être dépouillées de tous leurs biens. Parmi elles il y a aussi deux élèves, dont un jeune mineur de 17 ans.
– De l’argent, des téléphones et autres biens des participants à la manifestation pacifique et de simples passants volés par les policiers dans leur incroyable furie.
– Le soir de ce même samedi, alors qu’il apportait un peu de nourriture aux 12 personnes arrêtées, le militant Ghislain Muhiwa a été à son tour violemment interpellé par les policiers, passé à tabat, ses vêtement déchirés, puis il a été interrogé pendant près de 45 minutes, avant d’être jeté à l’extérieur du petit enclos.
– Les policiers de garde exigent systématiquement une rançon de 500 Francs Congolais à chaque fois que quelqu’un veut voir un des détenus ou lui remettre quelque chose à manger.
– A part la jeune FURAHA hôspitalisée, les 12 autres détenus ont tous besoins d’être soignés. Certains ont des douleurs aux membres, d’autres des brûlures. Juvin Kombi a la lèvre inférieur gonflée et des douleurs à la tête à cause des coups qu’il a reçus. De plus ils ont besoin d’être assistés par des avocats (droit qui ne leur a pas été signifié lors de l’arrestation ni avant les auditions).
  1. ACCUSATIONS RIDICULES DES AUTORITES (Police et Mairie de Goma) pour essayer de se dédouaner de cette violente répression : Contrairement aux allégations ridicules de certaines autorités entendues dans certains médias,

– La manifestation était pacifique. Dans près de 4 ans d’existence du mouvement citoyen LUCHA, jamais nous n’avons fait recours à la violence sous quelque forme que ce soit. Nous prêchons les actions non-violente comme alternative à la violence qui n’a fait que trop de mal à notre pays et notre peuple depuis des décennies. a LUCHA est et restera toujours un mouvement citoyen non-violent, pacifique, et non-partisan.
– Les autorités avaient été régulièrement informées par écrit (la preuve ci-annexée). Une délégation de notre mouvement a même été reçue la veille de la manifestation par le Maire Dieudonné Malere en personne pour un échange à ce sujet. Les policiers qui ont intervenu pour réprimer ont vu l’accusé de réception de l’avis de manifestation paciffique, et l’ont déchiré au vu de tout le monde. Heureusement que nous avions pris le soin de garder une photo.
– Le commandant de la Police des Police, Colonel Alisa Job, a même, dans un entretien avec une délégation de Human Rights Watch, osé affirmer qu’il y avait parmi les manifestants quelqu’un qui portait une arme et qui a été le premier à tirer avant la police; que cette personne aurait été identifiée comme « Pitchou » par les habitants. Cette allégation est complètement fausse et ridicule. C’est clairement une tentative de nous faire porter la responsabilité de la violence, et, au-delà, de présenter notre mouvement citoyen comme un mouvement subversif et violent comme les autorités ont déjà tenté de le faire, sans succès hélas car l’histoire et les faits parlent toujours pour nous.
  1. CE QUE NOUS DEMANDONS :

– Nous condamnons fermement cette Nème atteinte au droit constituellement reconnu à tout congolais de manifester pacifiquement, de penser et de s’exprimer librement.
– Nous demandons la libération pure et simple de toutes les personnes arrêtées, y compris les jeunes militants Juvin Kombi et Pascal Byumanine, nos deux camarades de lutte.
– Nous exigeons la suspension immédiate du Colonel Job Alisa de la Police des Polices et son déféremment devant la justice militaire pour qu’il réponde des infractions commis par son Unité;
– Nous demandons au Commaissaire Provincial de la PNC le Général Awashango Vital, au Maire Dieudonné Malere et au Gouverneur Julien Paluku de veiller personnellement à ce que la vie, l’intégrité physique et les droits des personnes arrêtées soit sauvagardés. Autrement ils en seraient tenus personnellement responsables devant la loi.
– Nous demandons à ce que la Justice militaire puisse enquêter rapidement sur ce qui s’est passé et punir les policiers qui ont fait un usage disproportionné et inutile de la force (armes à feu, bombes lacrymogènes, …) ainsi que leus donneurs d’ordre;
– Nous demandons à ce que l’Etat puisse prendre en charge les soins de santé des personnes blessées et les indemniser pour les préjudices subis;
– Nous demandons la convocation par le gouvernement d’un forum populaire pour expliquer à la population ce qui se passe à Beni, qui sont les responsables, et quand est-ce qu’on va y mettre fin
– Nous réitérons enfin notre appel aux autorités pour respecter les droits et les libertés fondamentales des Congolais, surtout en cette période pré-électorale
  1. CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE en tant que citoyen face à cet événement :

Envoyer un SMS ou appeler les autorités (police, Mairie, Gouverneur, ministres, députés, …) pour leur demander de libérer immédiatement les personnes arrêtées.

Voici quelques coordonnées :

> Gén. Awashango Umia Vital, Commissaire Provincial PNC Nord-Kivu : +243 99 99 52 617

> Malere Dieudonné, Maire de Goma : +243 81 53 07 230

> Colonel Job Alisa, Commissaire Supérieur Police des Polices pour la ville de Goma : +243 840 302 051.

Par ailleurs, vous pouvez :

– Changer votre photo de profil sur Facebook par une bannière « #FreeLucha #AmaniBeni et partager cette information avec vos amis, contacts, …
– Diffuser cette information et d’autres de nos publications sur les radios, les télés, ou sur vos réseaux sociaux
– Envoyer une contribution pour donner de la nourriture et des médicamenets aux blessés et aux personnes arrêtées via notre numéro +243 99 4645 977 (par exemple par Airtel Money) ou nous contacter à ce numéro pour d’autres fins
– Si vous êtes avocat, défenseur judiciaire ou défenseur des droits de l’Homme, vous porter volontaire pour assister les personnes détenues

Mais surtout, vous pouvez REJOINDRE LA LUCHA et faire partie de cette nouvelle jeunesse Congolaise déterminée à défendre les droits et la dignité de son Peuple face à toute dérive dictatoriale et aux injustices.

En tout cas, pour la nous, la lutte continue…

Car le Congo ne sera sauvé que par ses filles et fils.

A la Lucha !

 

 


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