Le Lundi 21 Octobre 2019, le Comité Laïc de Coordination (CLC) organise une marche pacifique à…
INSÉCURITÉ EN RDC: ALLEZ AU DELA DES DÉCLARATIONS
Mise en ligne le 30 juin, 19 à 12:00
Depuis plusieurs années, l’Est de notre pays est le théâtre d’actes d’insécurité perpétrés par des milices locales, des groupes armés étrangers et dans certains cas, des forces armées loyalistes. Aujourd’hui encore et en plusieurs coins de notre pays, de milliers de compatriotes sont tués, enlevés, abusés, déplacés et leur patrimoine détruit par d’interminables conflits armés pourtant évitables. De criminalité urbaine aux agressions de groupes armés étrangers en passant par l’activisme des milices locales, notre pays est dans sa majeure partie en proie en une insécurité grandissante et nos compatriotes en meurent en petit feu.
Les violences armées à Beni et en Ituri sont sans doute l’illustration la plus récente et palpable de ce climat sécuritaire volatile. À Beni, depuis maintenant 5 ans, des milliers civils ont été tués majoritairement à l’arme blanche, des milliers d’autres kidnappés et contraint aux travaux forcés y compris militaire, des maisons et villages entiers incendiés par des assaillants armés non clairement identifiés jusqu’à présent. Le lundi 24 Juin 2019 encore, 4 civils ont été lâchement abattus au PK16 sur la route Mbau-Kamango, preuve que malgré les promesses et les annonces de l’armée et la MONUSCO, les tueries, les kidnappings, les destructions et les pillages continuent dans la région de Beni.
En Ituri, une série d’attaques armées a éclaté depuis le début du mois de Juin faisant en quelque jours de centaines de morts civils et des milliers des déplacés internes. Ces violences sont très regrettables d’autant plus qu’elles apparaissent comme un conflit interethnique. Nous n’avons pas tous perdu de vue les conflits sanglants entre Hema et Lendu vers les années 2003 et qui avaient causé des dégâts humains et matériels énormes.
En plus de l’insécurité grandissante, Beni et Ituri sont en plus confrontés à une terrible épidémie d’Ebola. Annoncée à Mangina (Beni) le 01 Août 2018, l’épidémie s’est vite répandue dans la province de l’Ituri tuant plus de 1500 personnes sur les 2270 atteintes. Bien qu’il y a plusieurs facteurs expliquant la persistance de la maladie à virus Ebola, l’insécurité dans les zones affectées réduit sensiblement la capacité des équipes de la riposte à mener les activités de prévention et de traitement, éloignant ainsi la perspective de la fin de l’épidémie.
Au vu du tableau sombre dressé ci haut, le rétablissement effectif de la paix et de la sécurité à Beni, Ituri et dans d’autres coins de la République doit être une urgence. Ainsi, nous appelons à :
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L’INTENSIFICATION DES OPERATIONS MILITAIRES: Il faut de toute urgence renforcer en hommes et en moyens les troupes présentent dans les zones turbulences de l’Est du pays tout en prenant le soin de relever les officiers et militaires sur lesquels reposent des soupçons sérieux de complicité avec les assaillants. À cet effet, le déplacement de l’Etat major des Forces Armées de la République Démocratique du Congo à Beni (ou ailleurs à l’Est) comme promis par le président de la République lors de sa campagne électorale permettrait d’assurer une évaluation permanente des opérations militaires sur terrain et déclencher des stratégies adaptées pour mettre hors d’état de nuire les assaillants.
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LA MISE EN OEUVRE D’UNE ENQUÊTE SERIEUSE DEVANT DÉBOUCHER SUR UNE VRAIE JUSTICE POUR LES VICTIMES: les horreurs vécues dans plusieurs entités du pays sont commis par des personnes non clairement identifiées. De Beni à Djugu, aucune enquête sérieuse n’a pu fournir d’éléments probants sur l’identité des assaillants et le rôle des autorités congolaises civiles comme militaires ainsi que de la MONUSCO dans ces crises. Il est temps que les responsabilités soient clairement établies et que chacun réponde de ses actes.
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APPORTER UNE AIDE HUMANITAIRE AUX RESCAPÉS: De L’ituri à Rutshuru, de Beni à Kalehe, ils se comptent par milliers ces congolais qui ont fuit le combat ou ont perdu le minimum vital à la suite des violences armées dans leurs entités. Le gouvernement provincial de l’ituri en a récemment recensé 150 000 tout en lançant un appel à l’aide de la part des personnes de bonne volonté. Il faut de toute urgence répondre aux besoins fondamentaux et urgents des populations nottament la nourriture, l’eau potable, les abris et vêtements pour les personnes ayant fui ou perdu leurs maisons, les soins de santé.
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L’ORGANISATION DES DIALOGUES SOCIAUX: Nous appelons à la tenue des dialogues sociaux dans les entités en proie à l’insécurité en vue de comprendre en fond les causes profondes des conflits armés et implémenter ensemble des solutions durables. Cela est surtout urgent en province de l’Ituri où ce cadre permettra aux communautés ethniques de la province de bâtir une nouvelle base de cohabitation pacifique.
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ENTRETENIR LA MEMOIRE: Malgré leur nombre et les conditions atroces de leur morts, les victimes des crises sécuritaires vécues par notre pays n’ont jamais eu droit à un honneur digne en tant que fils de notre nation. Certains n’ont pas être enterré dignement et d’autres n’ont pas de tombes. Il faut de toute urgence instituer une journée commémorative des massacres et d’autres crimes odieux perpétrés en République démocratique du Congo et l’érection d’un mémorial dans une entité ayant connu des atrocités (Beni par exemple) pour qu’à jamais les victimes de l’insécurité dans notre pays ne soient oubliées. Le but de cette journée commémorative et de ce mémorial est de se souvenir de ces massacres odieux, d’honorer la mémoire des victimes et de renforcer la solidarité nationale avec les survivants.
À travers ce mémorandum, nous nous adressons avant tout au président de la République, qui a la responsabilité constitutionnelle et morale d’assurer une vue digne et paisible aux Congolais. Nous nous adressons ensuite au peuple congolais dans sa diversité. Nous devons nous mobiliser par tous les moyens en vue d’exiger et d’accompagner les efforts de stabilisation et solidariser avec les victimes et rescapés des horreurs vécues par nos compatriotes partout à travers le pays. Nous nous adressons enfin aux amis du Congo et tous ceux qui ont la charge de promouvoir un monde de paix, de dignité et de justice. Ce sont des organisations internationales, des pays amis, des ONGs nationales et internationales, des personnalités attachées au bien être de l’humanité,….
Nous devons tous agir afin que la République Démocratique du Congo arrête d’être une boucherie Humaine.
Fait à Kinshasa, le 28/06/2019
Pour la LUCHA,
La Cellule de Communication.