Face à l’échec et au retrait inévitable de la MONUSCO, que doit faire le Conseil de Sécurité ? Voici nos six principales recommandations.

Mise en ligne le 18 décembre, 19 à 12:05


Lettre ouverte 

Aux 15 Etats Membres du Conseil de sécurité

New-York, Etats-Unis d’Amérique

Face à l’échec et au retrait inévitable de la MONUSCO, que doit faire le Conseil de Sécurité ? Voici nos six principales recommandations.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Alors que vous vous apprêtez à évaluer le mandat de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) dont le mandat s’achève ce 20 décembre 2019, il nous a paru nécessaire de vous écrire pour vous faire part de nos principales préoccupations et propositions.

La MONUSCO a indéniablement contribué à la réunification de notre pays au sortir des deux grandes guerres de 1996 et 1998, ainsi qu’au processus démocratique entamé avec la transition de 2003-2006. Mais plus de 20 ans après sa création, force est de constater qu’elle a largement failli à ses principales missions que sont la protection des civils et, avec la Brigade d’Intervention (FIB), la neutralisation des groupes armés. Il va de soi que personne en République démocratique du Congo ne s’attend à ce que la MONOUSCO se substitue au gouvernement et aux forces de sécurité Congolais. En revanche, si le gouvernement et les forces de sécurité Congolais étaient en mesure d’assurer la protection des civils et d’empêcher la formation et l’activisme des groupes armés comme tout Etat souverain, la présence de la MONUSCO ne se justifierait pas. C’est précisément les faiblesses de l’Etat Congolais qui ont justifié la création de la MONUSCO, et en spécialement l’évolution de son mandat au fil des années.

En 2012, la création de la FIB répondait à la nécessité pour les Nations-Unies de passer du maintien d’une paix imaginaire à l’imposition de la paix, comme nous l’avions demandé à travers plusieurs manifestations et communications face à la menace que représentait le groupe rebelle M23. L’offensive conjointe de notre armée et de la FIB contre le M23 est la preuve qu’avec la volonté et la détermination de la part aussi bien de nos autorités que des Nations-Unies et de leurs pays contributeurs de troupes, la mission d’imposition de la paix est possible. Malheureusement, dès le lendemain de la défaite du M23, de nouvelles divergences de vues ont estompé l’élan contre les groupes armés et la FIB est devenue comme le reste de la Force de la MONUSCO : inopérante et ineffective.

Les massacres de nos compatriotes dans la région de Beni ont déjà fait plus de 3000 morts depuis 2014, sans compter les personnes blessées, kidnappées et portées-disparues, ou encore les dommages économiques et les conséquences humanitaires. Beni est pourtant la zone où la MONUSCO/FIB dispose de la présence la plus importante, tout comme l’armée congolaise dont les effectifs sont officiellement passés à 21.000. Malgré tout, il ne se passe pas un jour sans que l’on compte de nouvelles victimes des massacres parmi la population civile. C’est ce qui explique la colère compréhensible de la population qui a parfois pris la MONUSCO à partie. S’il est possible que certains acteurs politiques pourraient utiliser ces violences pour faire avancer leurs agendas, il reste que la colère est réelle et légitime, et que c’est elle que la nier est au minimum un acte de mépris envers ces populations.

Les cris de la population qui demande le départ de la MONUSCO doivent être entendues. Nous savons pertinemment bien que cela n’arrangera pas notre situation du jour au lendemain, mais d’une part elle nous en avons marre d’une présence qui en sert qu’à comptabiliser les morts, et d’autre part nous souhaiterions que nos autorités prennent l’entière responsabilité de ce qui arrive et l’assument. La question pertinente à laquelle le Conseil de Sécurité devrait répondre est : quand et comment ce retrait doit être fait, de manière à préserver les quelques acquis de la MONUSCO et à empêcher la situation d’empirer.

A cet égard, nous appelons vos pays respectifs à veiller à ce que le Conseil de Sécurité :

  1. Mette fin au mandat de la MONUSCO et organise le transfert de ses activités civiles et humanitaires aux Agences des Nations-Unies pendant une période ne dépassant pas 12 mois à compter de janvier 2020.

  1. Maintienne et renforce le mandat et les effectifs de la Force d’Intervention (FIB), avec des troupes essentiellement africaines (hormis les pays impliqués dans les conflits en cours en RDC), un mécanisme de renseignement efficace, un commandement et un leadership politique (SRSG) volontaristes, et des moyens adéquats pour 1) neutraliser les groupes armés en commençant par ceux responsables des massacres chroniques dans la région de Beni ; 2) le soutien aux opérations de protection proactive et défense des civils ; et 3) l’appui technique et logistique aux unités combattantes des FARDC et de la police nationale congolaise. Le mandat de la nouvelle FIB devrait être échelonné dans le temps et contenir une obligation de résultat par rapport aux objectifs assignés.

  1. Demande au président Félix Tshisekedi et à son gouvernement d’écarter de la chaîne de commandement de l’armée, de la police et des services de renseignements les officiers soupçonnés de violations graves de droits humains ou de trafics divers et les mettre à la disposition de la justice, notamment à la lumière des rapports des experts mandatés par le Comité des Sanctions du Conseil de Sécurité.

  1. Vote une Résolution spécifique sur la réforme du secteur de sécurité et de la justice, et mettre en place un mécanisme international intégré pour soutenir techniquement et financièrement lesdites réformes ainsi qu’un vrai programme de démobilisation, désarmement, réinsertion et éventuellement rapatriement des membres de groupes armés et de certains éléments FARDC ne répondant pas aux exigences d’une armée professionnelle et républicaine.

  1. Ordonne une enquête internationale indépendante et transparente sur les massacres des civils dans la région de Beni depuis 2014 et en établir les responsabilités. L’enquête devrait être étendue sur l’usage excessif de la force contre les manifestants en lien avec les tueries de civils à Beni par la police, l’armée et les Casques bleus de la MONUSCO, qui ont fait au moins 9 morts au cours des dernières semaines, ainsi que sur les violences commises par certains manifestants.

  1. S’assure que les pays voisins de la RDC (Rwanda, Ouganda et Burundi) arrêtent de créer, de financer et de soutenir des groupes armés à l’Est de la RDC ; qu’ils s’abstiennent de piller, acheter ou servir de lieu de transit des minerais et autres ressources naturelles exploitées par ces groupes armés ou d’autres acteurs véreux ; et qu’ils arrêtent d’utiliser le sol Congolais comme un champ de bataille pour se régler leurs comptes ou au nom de quelque droit de poursuite.

Pour la LUCHA

La cellule de communication


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