COMMUNIQUE DE PRESSE : Nord-Kivu & Ituri : il faut lever l’Etat de siège maintenant ! 

Mise en ligne le 12 août, 21 à 23:01


Le 06 Mai 2021, le président Felix Tshisekedi a instauré un état de siège dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri en vue, selon lui, de mieux protéger les civils et neutraliser les groupes armés négatifs qui y sèment la terreur. Au lendemain de la déclaration du Président de la République de déclarer l’état de siège, notre mouvement avait soulevé des inquiétudes sur le manque d’une évaluation préalable de la situation avec toutes les parties prenantes et d’une préparation conséquente de l’état de siège. Trois mois après la déclaration de l’état de siège dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, la violence venant des groupes armés négatifs et des éléments de l’armée s’est intensifiée, les droits des citoyens sont de plus en plus piétinés et l’administration locale est complètement à l’arrêt.

En effet, depuis l’instauration de l’état de siège le 06 Mai 2021, au moins 533 personnes ont été tuées dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri soit une moyenne de 6 civils tués par jour. Les FARDC, toujours rongées par ce que nous dénonçons chaque jour : l’affairisme de certains de ses membres ainsi que le manque de soutien logistique et financier conséquent de la part du gouvernement, n’ont fait qu’assister impuissamment aux tueries des civils et les voir s’étendre aux zones géographiques qui étaient jadis calmes. C’est le cas de la localité de Kalunguta en territoire de Beni qui a subi sa toute première attaque meurtrière le 15 Juillet 2021 depuis le début des tueries de Beni en octobre 2014 ou encore la ville de Beni qui a à nouveau été attaquée le 01 Juillet 2021 après près de 15 mois de relative accalmie.

Sur le plan des droits de l’Homme, il s’observe une hausse inquiétante des violations des droits de l’Homme, la restriction forte de l’espace civique ainsi que des difficultés d’accès à la justice depuis l’instauration de l’état de siège. Les membres des services de sécurité se croient désormais tout permis et n’hésitent pas d’arrêter, de torturer, d’imposer des frais illégaux aux citoyens pour des faits non infractionnels. Les libertés publiques sont carrément mises en veilleuses et toutes les voix discordantes sont vigoureusement réprimées par un puissant arsenal militaire visiblement préparer à taire toute protestation contre la persistance de l’insécurité plutôt que taire l’insécurité elle-même. Les tribunaux militaires, désormais habilités à juger les civils pour toute infraction, sont très peu nombreux, sans moyens et personnel suffisants et ne présentent pas suffisamment de garanties d’une justice équitable, indépendante, rapide et impartiale. Les détentions préventives prolongées sont ainsi devenues la norme en raison des capacités opérationnelles très limités de la justice militaire.

Sur le plan de la gouvernance locale, l’état de siège a complètement normalisé le dysfonctionnement de l’Etat, paralysé l’administration et bloqué les initiatives de développement locale en ordonnant le remplacement des dirigeants civils par des militaires qui ne sont ni formés, ni destinés à administrer les entités territoriales. Au Nord Kivu comme en Ituri, il s’observe une tendance dangereuse à focaliser les actions de gouvernance vers des initiatives d’enrichissement des nouvelles autorités sur le dos des paisibles citoyens dont le pouvoir économique a été largement affaibli par des années de conflit. Le fait que les activités des assemblées provinciales soient suspendues pendant l’état de siège et que les libertés publiques soient très largement surveillées compromet toute initiative de contrôle de la gouvernance des dirigeants militaires et accroit le risque sérieux de prédation des ressources publiques.

Du fait du manque d’une évaluation sans complaisance des causes et des acteurs des violences armées ainsi que des échecs des opérations militaires successives depuis 2014, l’échec de l’Etat de siège était prévisible malgré la bonne foi des populations et des organisations comme la nôtre qui se sont résignées à l’accepter. Il faut maintenant tirer les leçons de ces limites majeures de l’état de siège comme stratégie de pacification et envisager des alternatives crédibles. Ainsi, la LUCHA appelle les autorités Congolaises à lever l’Etat de siège afin de faire ce qui aurait dû être fait il y a trois mois : une évaluation transparente, sans complaisance et avec la participation des populations affectées, afin d’identifier les vrais remèdes aux tueries, à l’insécurité et aux violences armées à l’Est de la RDC et les appliquer. À défaut ou en attendant une levée totale de l’Etat de siège, nous appelons à :

  • Démilitariser complètement les administrations publiques (perception des impôts et taxes, gestion financière des provinces et des entités locales/décentralisées, questions économiques, sociales et culturelles…) pour permettre à l’armée de concentrer ses efforts spécifiquement sur les opérations militaires et non sur des questions de gouvernance locale ;

  • Rétablir les juridictions civiles dans leur compétence ordinaire et fixer les infractions spécifiques ayant trait à la sécurité pour lesquelles les juridictions militaires seront compétentes conformément à l’article 156 de la constitution ;

  • Tout en félicitant l’armée pour ses nouvelles initiatives de contrôle des fonds alloués aux opérations militaires, identifier et écarter des opérations militaires en cours et de la chaîne de commandement de l’armée, de la police et des services de renseignements les officiers et militaires soupçonnés de violations graves de droits humains, des collisions avec les groupes armés ou de trafics divers et les mettre à la disposition de la justice ;

  • Soutenir financièrement et sur le plan logistique les opérations militaires fortes en dotant l’armée d’une logistique de guerre conséquente, d’une solde digne et payée à temps, de la ration alimentaire suffisante, des soins médicaux complets, des camps militaires mieux équipés, etc. ;

  • Mettre en œuvre un vrai programme de démobilisation, désarmement, réinsertion communautaire et éventuellement rapatriement des membres de groupes armés étrangers. La nomination à la tête du programme DDRC de Tommy Tambwe Ushindi Rudima, un rebelle multirécidiviste qui a encore récemment dirigé l’Alliance de Libération de l’Est du Congo, un mouvement armé visant à créer une « République Indépendante du Kivu », est une entorse majeure au processus de pacification de notre pays. Nous appelons à son remplacement.

  • En remplacement de la fainéante force militaire de la MONUSCO, associer aux opérations militaires en cours une entité internationale combattante ayant un mandat et des moyens adéquats pour protéger les civils, neutraliser les groupes armés et poursuivre la réforme du secteur de sécurité. A ce sujet, nous exprimons notre inquiétude de voir les troupes Kenyanes être incorporées au sein de la MONUSCO qui a un système de défense obsolète.

Dès la semaine prochaine, la LUCHA lancera une série des manifestations pacifiques à travers le pays, Nord Kivu et Ituri y compris, en vue d’exiger une réponse Etatique plus appropriée à la situation sécuritaire à l’Est de la RDC qui ne cesse de se détériorer.

Fait à Goma, le 12 Aout 2021

Pour la LUCHA

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